Notre voyage en voilier

Notre voyage en voilier

2011-04-10 Traversée des Bahamas aux États-Unis

JOUR 1 – VERS LE SAGUENAY

TRAVERSÉE DU GULF STREAM

De Memory Rock (au beau milieu du banc, Bahamas)
Mouillage de Lake Worth, West Palm Beach Inlet, États-Unis
Vendredi le 8 avril 2011
Température : 30oC – Soleil mur à mur – Ciel bleu
Vents : Nuls  (Navigation au moteur)
Distance parcourue : 56.9 mn (Départ à 5h30, arrivée à 18h)
Position  : N 26 45.818  W 080 02.649

Réjean s'est levé à 5 h et se prépare tranquillement pour le grand départ.  Dix minutes plus tard, j'entends le moteur du Mousse VI qui ronronne.  Nous avons tous très hâte de faire cette traversée du « Gulf Stream ».  

5h30, L'Interrompue et le Mousse VI sont en route, dans la noirceur du matin.  Direction : Palm Beach aux États-Unis. 

Nous avons un temps parfait pour affronter le Gulf Stream.  Mon capitaine aurait préféré un petit vent du sud pour mettre les voiles mais, la mer est d'huile et il n'y aucun vent.  Le soleil brille de tous ces rayons.  Il n'est que  9h, le thermomètre indique 27oC à l'ombre.

La journée est très chaude et collante, on cherche l'ombre sous le bimini qui ne suffit pas à tout couvrir ; j'ouvre alors notre énorme parapluie qui servira d'ombrelle à Réjean qui est directement sous le soleil. 

Un troupeau d'environ 15 dauphins nagent à la proue du bateau pendant plus de 20 minutes ; un spectacle digne des Grands Explorateurs.

Une dizaine de milles avant d'arriver, Réjean a hissé le petit drapeau jaune de quarantaine.  Nous arrivons à notre mouillage de Lake Worth à Palm Beach à 18h, après 12,5 heures de navigation.  Nous sommes très heureux d'être arrivés en Floride.

Réjean fait un appel téléphonique au bureau des douanes pour déclarer notre arrivée et celle du Mousse VI.  Après un bon dix minutes de discussions avec le préposé au douane, on nous informe que nous devrons tous nous rendre au bureau des douanes pour valider nos dires… et nous avons 24 heures pour le faire ; nous irons donc demain matin. 

Il est 19h et pour l'instant, nous prendrons notre souper (que j'ai cuisiné pendant l'après-midi)  et lèverons nos verres à notre arrivée en sol américain.

Et maintenant, un petit retour en arrière avec le mot de mon navigateur préféré.

Mot du navigateur

Depuis une semaine, nous attendons à Green Turtle Cay la bonne fenêtre météo.  Nous y sommes arrivés mardi dernier pour être à l'abri lorsque les vents forts annoncés pour jeudi arriveront. Effectivement, notre abri était super agréable et les vents de 20 noeuds ne nous ont pas dérangé. Mais par la suite, il fallait une longue fenêtre météo afin de naviguer les 100 milles nautiques nous amenant à la traversée du Gulf Stream.

Pendant cette semaine, j'ai étudié à tous les jours les changements de la température. Le départ était possible mercredi mais la décision était difficile à prendre. En voici les raisons. Le mardi, on prévoyait un coup de vent atteignant même les 40 et 50 noeuds selon Chris Parker, le gourou climatologue américain.  Heureusement, les autres sources étaient modérées et ne prévoyaient pas plus de 25 noeuds.  

Mardi, j'étais à l'affût et le vent a soufflé en rafale comme prévu à cause des grains qui sont apparus en fin d'après-midi.  Le mercredi on prévoyait des vents assez forts de 20 noeuds diminuant après-midi.  Ma tolérance aux vents forts est 20 noeuds alors j'étais à la limite. Jeudi les vents diminuaient à 10-15 noeuds et vendredi ils étaient très faibles. Le Gulf Stream était confortable à partir de vendredi pour 3 jours. Si je décidais de partir, jeudi, il fallait faire 60 milles avec des vents trop faibles et j'aurais dû utiliser le moteur.

Pour gagner la Floride, il faut faire 150 milles sans approvisionnement d'essence possible. Donc, la pression pour partir mercredi est grande. Le vent fort était prévu nord-est et représentait une navigation au près donc avec une gîte inconfortable. Après 15 milles, cette situation devait s'améliorer car ma route tournait vers l'ouest et le vent vers l'est. Autre détail, il fallait partir tôt vers 6 heures et la marée était basse. Or j'avais touché le fond sur 200 pieds en entrant dans l'abri mardi dernier. Partir jeudi me forçait à partir encore plus tard. Finalement, la décision finale se prendra mercredi matin. La veille, j'ai préparé le bateau pour un départ mais je savais qu'il pourrait être remis.

2011-04-06-mercredi

Pendant la nuit précédant le départ, le vent est resté nul, ce qui allait en contradiction avec les prévisions et créait un doute. À 5h45, je me lève pour commencer les préparatifs. C'est à ce moment que le vent s'est levé dans la direction annoncé et avec la force prévu. À 6h30, je quitte le mouillage dans la pénombre sous un ciel couvert et m'engage dans le chenal. La quille touche le fond sur 50 pieds seulement et je gagne le plan d'eau sans autre problème.

J'établis la pleine voilure et le bateau s'élance à 5 noeuds. J'ajuste les voiles pour le près et la vitesse reste supérieure à 5 noeuds. Le bateau se couche à une gîte de 20 degrés avec des pointes à 25 degrés. Le vent forcit et je prends un ris dans la grande voile et réduis le génois sur son enrouleur. Un peu plus tard, je dois réduire encore le génois. La vitesse augmente facilement à 6,5 noeuds et fait même des pointes à 7,5 noeuds. Tout va bien. La mousseline est un peu inconfortable, mais comme prévu, la situation sera meilleure après 15 milles.

Ainsi vers 9 heures, notre route s'écarte du vent et l'allure au près est modifié vers le travers. Le bateau se redresse à 20 degrés de gîte maximum et la journée se continue en s'améliorant. Après le dîner, comme prévu, le vent diminue et tourne plus à l'est. Le bateau est au largue et la gîte est à 15 degrés. Je remets la pleine voilure.

En fin de journée, à 5 milles avant l'arrivée au mouillage, le vent tombe et la vitesse du bateau n'est plus que 3,5 noeuds.  Je démarre le moteur et 3 milles plus loin, le vent reprend.  Mais je ne remonte pas les voiles. Nous arrivons au mouillage de Great Sale Cay (Île déserte) vers 17h15 où le Mousse nous attend.  Les vents sont faibles et la journée s'est passée d'une excellente façon. Demain, nous aurons le vent dans le dos et il sera probablement trop faible pour parcourir les 45 milles avant le prochain mouillage sans l'utilisation du moteur.

J'ai fait une bonne préparation de notre journée d'aujourd'hui et je suis très fier des résultats.

2011-04-07-jeudi

Ce matin, je lève l'ancre à 6 heures, à la noirceur. Du plancton phosphorescent vient donner une touche de magie lumineuse pendant que je rentre la chaîne d'ancre. Je quitte lentement le mouillage et me dirige vers ma destination. Je suis seul à la roue, le ciel semble dégagé et il fait encore nuit. La mer est lisse comme une peau de bébé. Je file à 6 noeuds.

Lorsque le jour se lève et ensuite le soleil, la chaleur devient vite accablante. Il n'y a pas de vent pour nous rafraîchir. Nous parcourons les 45 milles jusqu'à Memory Rock juste à la limite du banc des Bahamas et l'océan Atlantique. Nous sommes perdus dans le milieu de l'eau où il n'y a absolument rien sauf un tas de roches avec un feu de navigation inopérant. Il y a un roulis assez inconfortable et la nuit sera mauvaise pour le sommeil.

Voici "Memory Rock" !   Mise à part ce tas de roches, autour de nous, il n'y a que de l'eau. 

Eau turquoise... bye bye !

Un dernier coucher de soleil dans les eaux bahamiennes

 

2011-04-08-vendredi

Le Mousse part son moteur à 5h30. Il en a assez de se faire brasser. J'en fais de même car je serais même parti avant. Il fait noir et seuls les millions d'étoiles nous éclairent. Ce n'est pas suffisant pour apercevoir le tas de roches et nous devons reprendre une route connue pour l'éviter. Après 1 heure environ, nous gagnons l'océan et la profondeur de l'eau passe de 15 pieds à plus de 1 500 pieds, soit 100 fois plus. Encore une fois le jour se lève et ensuite le soleil. Il n'y a pas de vent et l'océan nous berce d'une longue vague. Le moteur ronronne. La fenêtre météo se maintient comme prévu et nous faisons une très belle traversée sans problème.

À la fin de la journée, nous apercevons les gratte-ciel de la Floride et nous venons de finir la traversée du Gulf Stream. À 15 milles avant d'arriver, je hisse le drapeau de quarantaine et vers 17h30 , après un dur combat contre le courant de marée, nous atteignons la passe d'entrée pour le mouillage. Il est 18 heures quand nous mouillons et je téléphone aux douanes américaines pour les formalités.

Un verre est levé pour l'occasion et nous prenons un délicieux souper dans le cockpit à Lake Worth à West Palm Beach entourés de bateaux, de lumières du port, de gratte-ciel, de sirènes, la civilisation quoi.

Palm Beach, il n'y a plus d'île déserte J

Je suis bien fier de la navigation des derniers jours. Cependant, il y a des choix qui auraient dû êtres autres. Le premier aurait été de ne pas mouiller à Memory Rock car il y a trop de vagues venant de l'océan même si le vent est nul. Il aurait fallu aller à West Point et mouiller dans la petite baie à proximité de la marina. Le second, aurait été de ne pas se diriger sur Lake Worth trop au sud mais plutôt sur Fort Pierce plus au nord. Même si la distance était plus grande, le courant du Gulf Stream nous y aurait amené en moins de temps possiblement.

Voilà, c'était mon mot…

Nous avons loués une voiture pour nous rendre bureau des douanes, à l'aéroport de Palm Beach pour dédouaner.  Un gentil douanier nous a répondu au travers de sa vitre blindé, avec un beau sourire ; lui à l'intérieur et nous dehors.  Tout est en règle ! J  Le drapeau jaune est maintenant enlevé et nous avons installé le drapeau de courtoisie américain. 

 

René et Réjean au bureau des douanes de West Palm Beach.



10/04/2011
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