Notre voyage en voilier

Notre voyage en voilier

2010-09-11 Sandy Hook Bay à Cape May - EN MER

JOUR 66 VERS LES BAHAMAS – SANDY HOOK BAY à CAPE MAY, New Jersey 

Vendredi le 10 septembre 2010  Température, 23oC. Ciel bleu, quelques passages nuageux – Vents : NO 5/10 nœuds avec bourrasques à 15 nœuds – 120 milles nautiques à faire.

Bonjour, c’est la mousseline qui vous parle.

Debout à 7h30 pour le Capi et je me lève 10 minutes après car j’entends Yves du PIERRE-HÉLÈNE qui parle avec Réjean du déroulement de la navigation qui s’en vient.  Après consensus, les deux capitaines conviennent de partir vers 11h ce matin.  Nous serons quatre bateaux en flottille pour cette navigation ; un trimaran nommé GAÏA, un catamaran nommé GUSTO DEL MAR et le monocoque PIERRE-HÉLÈNE de notre ami Yves, tous des bateaux québécois.  C’est rassurant d’être tous ensemble, nous pourrons communiquer entre nous par le VHF.

Déjeuner à 9h30 et je prépare ensuite une salade de pâtes au saumon et aux légumes pour la route.  Je range, fais la vaisselle et j’arrime tout ce qui est susceptible de tomber pendant  la traversée.  Réjean ajuste les haubans et fait ses vérifications d’usage.  Nous sommes prêts et fébriles à l’idée de prendre la mer J.

10h45 : Réjean lève l’ancre, non sans difficulté car elle était solidement accrochée.  Nous quittons notre mouillage de Sandy Hook Bay avec grand plaisir.  Nous sommes derrière les deux multicoques et le PIERRE-HÉLÈNE nous suit de près.  Le vent est à environ 10 nœuds.  Nous sommes un peu brassés car nous avons le vent dans le nez, juste le temps de contourner la pointe, après, nous serons au portant !  Réjean hisse la grande voile, ce qui stabilise le voilier.  Il a hâte, tout comme moi, de dérouler le génois et naviguer au vent. 

11h15 : Nous sommes maintenant à la voile.  Sitôt la pointe contournée, le vent chute L nous qui avions peur d’avoir trop de vent, nous voilà à la recherche du vent.  Notre vitesse varie entre 5,0 et 5,8, les voiles sont en ciseaux.  Réjean est bien satisfait de cette vitesse.  Il sirote une petite frette tout en tenant la roue.   

Nos acolytes GAÏA et GUSTO DEL MAR en vue.

Notre allure varie maintenant entre 6,6 et 7,1 nœuds, le capitaine est heureux en titi. Ce bonheur sera bien éphémère car  à 16h, le vent chute drastiquement et notre vitesse descend à 3,5, puis 3,2… Réjean profite de ce ralentissement et met sa ligne à pêche à l’eau.  Quelques minutes plus tard, une touche !  Zut, la prise était grosse, le poisson a mangé les hameçons et il n’y a plus d’hameçon sur le leurre au bout de la ligne.  Il remet la ligne à l’eau avec un nouveau leurre et, encore une touche !  Cette fois-ci, le poisson a mangé l’appât au complet ! Pas de poisson encore.  Réjean remet un autre leurre et change la ligne pour quelle soit plus résistante, on espère…  Pendant ce temps, Yves du PIERRE-HÉLÈNE a attrapé un petit thon !  Le PIERRE-HELENE s’approche de nous et nous décidons de mettre le moteur pour garder allure de 5,5 nœuds, si on veut finir par arriver ; la traversée sera longue. 

Le voilier PIERRE-HÉLÈNE devant.

Il n’y a plus de vent, les vagues sont maintenant faibles.  Il ne reste que des ridules sur la mer. J’ai bien peur que nous fassions du moteur jusqu’à Cape May.  Au moins, nous aurons pu faire de la voile pendant 5 heures d’affilées.

17h30 : Souper dans le cockpit.  Au menu, le mets préféré du Capi.   Une salade de pâtes Fusini au saumon et légumes… (ouais, il vous en reparlera sûrement) avec un café et un morceau de chocolat noir.   Une autre touche !  Encore échappé, mais cette fois-ci, l’appât est intacte !

18h : Le vent revient à la charge, léger mais tout de même, il  nous permet de gonfler le génois et d’augmenter notre vitesse à 6,4 nœuds.  La journée tire à sa fin, le soleil nous gratifie de ses derniers rayons, c’est de toute beauté !  La mer est bleue, le ciel dégagé, tout va bien. 

Un trou dans les nuages - Calme de la fin de journée.

Coucher du soleil à 19h26.  Nous suivons PIERRE-HÉLÈNE qui est à ½ mille devant nous.   Nous allumons les feux de route car la nuit arrive.  Ceux du PIERRE-HÉLÈNE nous guiderons pendant la nuit.  Nous avons convenu de s’appeler par la VHF au début de chaque heure.   Yves navigue seul, nous le tiendrons réveillé.

Maintenant, c’est le Capi qui vous parle.

La mousseline a dû sentir le mal de mer venir car elle prend une « gravole liquide » (rhum and coke). Mais trop tard, ce mal est plus rapide que la potion magique et il a déjà atteint son estomac et son cerveau. Il faut dire que la noirceur est arrivée, les vagues de 2 à 3 pieds sont longues et ondulantes, le vent frais de 15 nœuds. Mais tout va bien pour moi car la vague est facile, le vent est portant et le bateau file à 6 nœuds et plus. La mousseline va de plus en plus mal et vers 23 h elle décide de retourner sa maudite salade de pâtes dans la chaudière, laquelle sera bien sûr renversée pendant la nuit par mes déplacements hâtifs.  Pauvre mousseline, elle s’arrache le cœur quatre fois d’affilée.  Le mal de mer est très fort et rend faible.  Elle grelotte et rejoint la couchette du carré.  À l’horizontal, c’est mieux pour elle.  Je devrai me résoudre à naviguer sans son aide…

Je dois garder le moteur en marche et embrayé à fort régime pour garder la cadence des multicoques et du Pierre-Hélène qui est très toilée. Ainsi, sur la vague maintenant de 4 pieds et le vent portant de 20 nœuds, L’Interrompue file comme une jeune fille à 7 nœuds et sur le surf, elle se permet des pointes de 7,8 nœuds. J’en suis très fier mais je me dois de le partager avec moi-même car mon équipière s’occupe de son estomac et de son cœur, et je ne vous parle pas de son amour-propre.

La nuit se poursuit d’heure en heure en faisant un contact radio avec les autres bateaux de la flottille.

JOUR 67 VERS LES BAHAMAS – NAVIGATION VERS vers CAPE MAY, New Jersey 

Samedi le 11 septembre 2010 – MINUIT – Température, 18oC. Ciel étoilé, Vents : NO 20 nœuds, vagues 3 à 4 pieds

Minuit : Après minuit, il fait nuit sombre car une couverture nuageuse est venu éteindre les étoiles. Par contre, on aperçoit au loin Atlantic City, la ville des casinos, probablement le deuxième Las Vegas ses vagues est bien chanceuse d’être couchée car moi je vois les extrêmes : la hauteur atteint 5 pieds et la vague déferle, c’est-à-dire qu’elle se brise à son plus haut et produit une écume qui entoure notre bateau. Hélène se lève de temps en temps et heureusement, elle n’a pas le temps ni l’esprit de voir ces petits monstres.

2 h 30 : Je continue ma navigation seul aux commandes mais mon équipière, entre deux haut-le-cœur vient tenir la roue pour que je puisse faire mes communications radio et petits besoins. Malgré sa descente aux enfers, elle réussit à me préparer un café et me donner trois barres tendres pour me soutenir. Moi qui rêvait de sandwichs au jambon fumé, jus de légumes, petit remontant au rhum et chaleur humaine, je me suis ramassé à gesticuler sur ma roue pour garder mon cheval en ligne droite et à sentir les douleurs du stress au cou.  Finalement, Atlantic City est passé derrière nous et les lumières sont devenues lointaines. Je commençais à avoir hâte que le jour se lève pour que ma mousseline reprenne du mieux mais il n’est arrivé qu’à 6 heures. J’étais quand même en forme, utilisant mon adrénaline.

6 heures :  La flottille continue dans la Delaware Bay et naviguera jusqu’au soir. J’ai pris la radio et la décision que L’Interrompue et son équipage amoché allait prendre du repos à Cape May. Nous avons vraiment apprécié la compagnie de ces équipages que nous ne connassons pas mais que nous allons sûrement revoir bientôt, surtout celle de Yves qui a été le dénominateur commun de toute la traversée et qui a été vraiment notre ange gardien.

7 heures :  J’ai donc pointé l’étrave vers l’inlet [la passe d’entrée] de Cape May et sommes entrés dans la passe entre les bouées rouges et vertes. L’inversion de la marée a causé un courant épouvantable dans la passe et j’ai dû pousser les machines au maximum pour garder la direction du bateau dans le bon sens tout en évitant les dizaines de bateaux de pêcheurs qui sortaient en mer.

Bateau de pêcheur

Nous avons mouillé l’ancre près des immenses bateaux de la U.S. Coast Guard.  Ma mousseline est revenu à la vie, encore faible mais très heureuse d’être arrivée. 

8 heures : Après un copieux déjeuner et une bonne douche, je me suis écrasé dans notre lit.  Fin de mon histoire de 120 milles nautiques et 20 heures de navigation sportive.

La Mousseline reprend ici :

Nous arrivons épuisés de cette nuit de navigation ;  Réjean d’avoir tenu le fort toute la nuit, seul,  avec les éléments de la nature et moi de m’être vomis le cœur, avec la meilleure volonté du monde pour essayer d’aider mon capitaine adoré.  Sans Réjean, nous ne serions jamais arrivés à Cape May car je n’en menais vraiment pas large !  Moi qui pensais avoir vaincu le mal de mer… L  J’ai encore bien des croutes à manger pour y arriver.  Merci à mon bel amour navigateur d’avoir si bien tenu la roue et mené L’Interrompue et son équipage à bon port.

Vers 13h, après un bon dodo, nous partons à terre faire l’avitaillement d’eau et de glace.  Le ciel est bleu, la température est d’environ 28oC, ca sent tellement bon la mer !  Nous avions l’intention de visiter un peu Cap May qui semble très invitant mais, après mure réflexion, nous faisons marche arrière et revenons sur L’Interrompue pour prendre un bon souper et nous coucher tôt.  Il sera toujours temps de visiter Cape May, demain est encore là, et le jour d’après….

Réjean aux chaudrons, bien heureux d'ouvrir le vin.

À bientôt, dans la Delaware Bay… J

 



13/09/2010
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