Notre voyage en voilier

Notre voyage en voilier

2011-04-21 - De la Floride, en passant par la Georgie, jusqu'à la Caroline du Sud

JOUR 11 – VERS LE SAGUENAY

INTRACOASTAL – De Fernandina Beach, Fl. à la bouée 202R, Georgie
Mardi le 19 avril 2011
Température : 28oC 
Vents : Sud-est 10 nœuds AM – 18/20 nœuds en PM
Distances parcourue : 51.1 mn (départ à 6h30, arrivée à 15h50)
Position : N 31 19.047  W 081 19.884

Nous quittons Fernandina Beach à 6h30, en même temps que Gaïa.   La navigation d'aujourd'hui se fera au moteur et si le vent se lève, le génois viendra lui prêter main forte.  Tiens tiens, on dirait bien que le front froid nous a déjà quitté ; à la bonne heure !  Il n'est que 8h et la température est déjà à 23oC, c'est une bonne nouvelle ça.

C'est vers 8h que nos amis de Gaïa prennent les devants ; leur vitesse de coque est plus grande que la nôtre et nous les avons vite perdus de vue.   Tout va bien, le matin est calme, il n'y a pas de vent encore.  Je prépare le déjeuner, oeufs cuits durs et un bagel multigrains pour Réjean et seulement un bagel cannelle et raisins pour moi. 

Vers 9h30, un petit vent sud-est se lève, à environ 10 nœuds et Réjean déroule le génois.  Nous allons à une vitesse d'environ 4,5 nœuds… à ce rythme, on n'est pas rendu !

10h30, on voit le Mousse à l'horizon.  Il ne suit pas la route recommandée et coupe court, il nous dépasse et rejoint Gaïa.  Nous naviguons seuls toute la journée !

13 heures : La marée est en baissant et nous luttons contre le courant.  Même avec l'aide du génois, on n'avance qu'à environ 4.0 nœuds, c'est désolant !  Si au moins le paysage était agréable à regarder ; c'est d'une monotonie incroyable, au moins nous avons le soleil et la chaleur.  Ayant égaré le thermomètre et selon mon expérience des 9 derniers mois, je présume qu'il fait environ 28oC. 

15 heures.  Les vents ont augmentés à environ 20 nœuds.  On navigue toujours voile/moteur avec une belle gîte de 15 degrés. Notre vitesse est augmentée à 6.5 nœuds, c'est beaucoup mieux.  Vers 15h15, on reçoit un appel (cellulaire) de René Mousse VI qui nous informe qu'ils sont mouillés à la bouée 195 et qu'il n'y a que 4 pieds d'eau ; ah les grandes marées !  Pas question pour nous d'aller là avec notre 5,5 pieds de tirant d'eau.  Nous devrons mouiller l'ancre ailleurs. 

15h30 : Nous venons de passer la bouée 202 et nous sommes au beau milieu de rien du tout, à l'air de tout les temps, pas d'abri possible.  Il n'y a qu'un petit ilot avec quelques arbres sur notre bâbord… Si les vents ne se calment pas, nous allons passer une bien mauvaise nuit à faire le guet.  Vive la Georgie !

15h50, bouée 202R – Nous mouillons l'ancre dans 8 pieds d'eau, près d'une petite île (déserte, bien évidemment, qui y a-t-il d'autres que des terrains désertiques dans l'Intracoastal en Georgie ?) qui nous protège des vagues mais très peu du vent.  Nous sommes seuls au monde !!!  Je continue de ne pas aimer la Georgie. 

Réjean en train de mouiller l'ancre

Vue de notre mouillage sur 360 degré

 

On est vraiment seul au monde !

6h30 : Réjean fait le plein de diesel et trace la route de demain.  Nous partirons dès que le jour sera levé et naviguerons le plus longtemps possible.  Plus vite la Georgie sera passée, mieux je me sentirai ! 

Quelle sorte de soirée passerons-nous ? Si les vents ne diminuent pas, nous veillerons l'ancre et dormirons à tour de rôle.   Mon capitaine a besoin de repos car ayant toujours le GPS à l'œil, il ne dort que d'une oreille.  C'est pourquoi nous ferons des quarts de veille de 4 heures.   Je veillerai de 19h30 à 22 h.  Réjean de 22h à 2h du matin et je reprendrai mon quart de 2h à 6h.  Ainsi va la vie de marin !

 

JOUR 12 – VERS LE SAGUENAY

INTRACOASTAL – De la bouée 202R à Herb River
Mercredi le 20 avril 2011
Température : 34oC – Soleil cuisant, très chaud
Vents : nord-ouest, variant entre 5 et 15 nœuds
Distances parcourue : 63.2 mn (départ à 6h30, arrivée à 17h30)
Position : N 32 00.954  W 081 01.886

Nous levons l'ancre à 6h30 et espérons faire le plus de millage possible.  Il n'est que 8h30 et il fait déjà très chaud, au moins 29 à 30oC, presque pas de vent..  Nous déroulons et enroulons le génois au gré du vent qui nous est offert. 

14 heures. Depuis le matin que nous naviguons seuls dans un Intracoastal désert et voilà que nous apercevons deux voilier devant ; nous aurons de la compagnie J.  À mesure que nous avançons, nous distinguons que ce sont deux bateaux canadiens J.  Je prends les lunettes d'approche et je réussi à lire leur nom : il s'agit de « Grand Pas » et « La Grenouille ».  Deux voiliers québécois que nous avons croisés à quelques reprises lorsque nous étions aux Bahamas. Nous faisons un appel VHF pour les saluer et prendre de leurs nouvelles J. 

Nous approchons d'un voilier canadien J

La journée se passe très bien mais il fait une de ces chaleurs ! et que dire de l'humidité.  Comme la dernière fois, j'ai eu la brillante idée de cuisiner du poulet marocain J !  Ben oui, avec cette chaleur, L'Interrompue devient un vrai sauna… au moins, grâce à l'excellente recette fournie par mon amie Nadine, nous aurons un souper digne des grands restaurants marocain. 

Intracoastal sinueux, et plutôt boueux

Épave d'un voilier, pauvre petit

Maison luxueuse de la Georgie

Nous arrivons à notre mouillage de Herb River à17h30 et retrouvons nos amis du Mousse VI et Gaïa qui eux sont arrivés deux heures avant nous.  Selon leur thermomètre (le mien étant toujours porté disparu) il a fait 34oC à l'ombre, et autour de 40oC à l'ombre.   La rivière est très calme, lisse un miroir où l'on peut admirer les dauphins qui s'y amuse.  La journée a été très longue et l'apéro sera le bienvenu ; après, Réjean fera le plein d'essence et tracera la route de demain pendant que je termine la préparation du repas.

Nous soupons dehors à 19h15 ; la soirée est encore très chaude, il y a un léger vent qui vient nous rafraichir mais pas suffisamment fort pour faire fuir les moustiques.  Un autre plaisir offert par la Georgie…Ils sont si minuscules qu'on arrive à peine à les voir mais croyez moi, ils savent piquer!     

MOT DU CAPITAINE

Parti à 6h30, la marée était à son plus bas à 1 pied sous la normale à cause de la pleine lune des derniers jours. Les risques d'échouement sont grands mais la marée est montante et il s'agira d'attendre. Après 2 milles sans problème, je dirige le bateau dans un chenal étroit joignant deux bras de mer de l'Intracoastal.  C'est là que les problèmes sont à craindre.  L'eau est calme et le jour s'est pointé ; le soleil termine sa sieste.  Je navigue dans un marécage.  La profondeur de l'eau passe de 10 à 6 pieds.  De chaque côté du canal, on voit la terre vaseuse complètement dégagé.  À un moment donné, la quille touche le fond, le sondeur donne 5 pieds.  Je continue en espérant trouver un peu plus de profondeur.  J'ai les yeux sur le GPS, sur le sondeur et sur l'eau cherchant des signes.  La quille continue de toucher le fond, elle doit faire un beau sillon dans la boue. C'est une navigation très désagréable.  Les seuls signes que je voie pour m'aider sont les oiseaux échassiers qui se tiennent debout dans la vase, me confirmant encore qu'il n'y a pas d'eau ici pour les bateaux.

Soudain, j'aperçois une grosse bille de bois flottant sur mon bâbord avant ; il faudra l'éviter.  Mais curieusement, elle s'éloigne d'elle même.  Je réalise à ce moment que c'est un crocodile que je viens de déranger dans sa sieste.  Mise à part les petits crocos vus à Cap Canaveral, c'est mon premier crocodile que j'aperçois.

Je continue ma progression dans la boue pendant 20 minutes avant que j'atteigne une profondeur d'eau de 8 pieds. Enfin, tout danger est maintenant écarté. Il y a de l'eau et la marée a monté un peu. Le soleil se lève et le matin est très beau.

À un tournant, j'aperçois encore une bille de bois.  Cette fois, je suppose que c'est un croco et je pointe l'étrave du bateau en sa direction pour le provoquer un petit peu. C'est confirmé, c'est bien un croco !  Il s'éloigne en godillant de la queue et il doit vite s'aider de ses pattes donnant un mouvement de roulis à tout son corps. 

Le reste de la journée sera monotone en avant-midi et un peu plus agréable en après-midi avec la présence du vent chaud. Je ne verrai plus de crocodiles. Avertissement : si vous voyez une bille de bois qui flotte avec des gros yeux à une extrémité, méfiez-vous.

 

JOUR 12 – VERS LE SAGUENAY

INTRACOASTAL – De Herb River (Georgie) à Beaufort (Caroline du sud)
Jeudi le 21 avril 2011
Température : 30oC – Ciel bleu, petits nuages blancs
Vents : Nord-est 5 nœuds
Distances parcourue : 42.1 mn (départ à 6h10, arrivée à 13h30)
Position : N 32 25.760  W 080 40.651

Debout à 6h45, c'est le bruit du moteur qui me sort d'un affreux cauchemar.  Vite rendu à la réalité je constate que c'est Réjean qui essayait de sortir L'Interrompue de son impasse ; nous sommes enlisés dans la boue ! Ah la Georgie !   Je laisse mon capitaine vous raconter ce début de journée.

Comme le dit si bien ma mousseline, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Hier soir, j'ai pris la décision de partir à 6h15 afin d'arriver à l'ouverture du pont situé à 4 milles de notre mouillage car son ouverture se fait à 7 heures ou 8 heures.

À la vitesse moyenne de 5 nœuds le calcul comporte un facteur de sécurité.  Les contraintes sont la marée très basse mais sur son montant et la noirceur pendant un bon 20 minutes.  Tout va bien jusqu'à la ville juste avant le pont mais avec une marée de moins 0,5 pieds, je touche le fond légèrement.  Juste passé la ville, mon GPS me demande de forcer le chenal vers bâbord ; le visuel le confirme.  Ensuite se présente une bouée rouge que je dois laisser sur mon bâbord.  Je dévie vers tribord et mon sondeur baisse de profondeur.  Je ramène vers bâbord mais ce n'est pas mieux.  Le sondeur indique 6 pieds. Je vois un « crab pot » et souvent ils indiquent les haut fonds.  Je m'enligne entre le « crab pot » et la bouée rouge et je touche le fond.  J'essaie de m'en sortir en zigzaguant mais je ne trouve pas l'eau et finalement le bateau s'immobilise dans la boue.

Gaïa qui me suit m'évite par mon tribord et me signale qu'il y a plus d'eau, 5 pieds et ensuite 7 pieds. J'essaie de me sortir de la boue mais en vain.  Je pense devoir attendre la marée et pourrai déjeuner dans le milieu de l'Intracoastal en attendant l'ouverture du pont de 8 heures.  Mais à force de marche arrière et marche avant, de virage de côté et de l'autre, je réussi à creuser mon sillon jusqu'à l'eau et atteindre la zone sécuritaire.  Je rejoins Gaïa alors que nous arrivons au pont à l'heure prévue.  Ouff ! J'ai bien failli perdre l'heure d'avance que je voulais gagner. Je n'avais pas peur mais j'aurais été bien déçu.

7h15 : Bonne nouvelle : Nous venons officiellement de quitter la Georgie et arrivons dans les eaux de la Caroline du Sud ; ça fait plaisir à écrire ! J  La journée s'annonce un copie/coller d'hier.  Le ciel est bleu, le temps est chaud et humide.  Nous aurons une autre journée de canicule.  Je fais le café et sert le jus d'orange/ananas à mon amoureux.  Viendra ensuite le déjeuner qui sera composé d'un sandwich aux œufs pour mon Capi et de bagels aux raisins.

Nous naviguons dans un Intracoastal extrêmement calme, pas un souffle de vent ne vient gonfler notre drapeau québécois, et encore moins le canadien qui flotte derrière la nuque de Réjean.

Drapeau qui flotte derrière la nuque de Réjean

10h30 : Le vent se lève et Réjean déroule le génois.  Nous filons à 6 et 7 nœuds !  Si tout va bien, notre arrivée à Beaufort, Caroline du Sud, se fera vers 14 heures.  Il sera assez tôt pour que nous vaquions aux tâches obligatoires telles que la lessive, le remplissage des bidons d'eau potable et du diesel, etc.    Nous serons à l'ancre mais, moyennant 1 $ (une aubaine), nous pourrons bénéficier d'une bonne douche à la marina de Beaufort.

Nous dormirons deux nuits à Beaufort.

À bientôt.

 



22/04/2011
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